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Analyse socio-économique de l’industrie pharmaceutique brevetée 1991-2000

Profits exorbitants, frais de R&D bien inférieur au marketing ...

Montréal, le 3 avril 2002

Le professeur titulaire de la Chaire d’études socio-économiques de l’UQAM, Léo-Paul Lauzon et le chercheur Marc Hasbani, ont rendu publics les résultats de leur étude intitulée : Analyse socio-économique de l’industrie pharmaceutique brevetée pour la période 1991-2000. À partir d’une analyse rigoureuse sur une période de 10 ans des états financiers de ces neuf firmes pharmaceutiques majeures : Merck Co., Bristol-Myers Squibb Co., Pfizer Inc., Abbott Laboratories, Warner-Lambert Co., Eli Lilly Co., Schering-Plough Corp., SmithKline Beecham, et GlaxoWellcome, ils ont mis en évidence le rôle joué par ces compagnies sur l’augmentation du prix des médicaments et du coût des soins de santé publique. Voici les constats majeurs de cette étude, dont on pourra retrouver la publication intégrale sur le site de la Chaire : http://www.unites.uqam.ca/cese .

Les pharmaceutiques : des profits exorbitants

Le taux de rendement après impôts sur le capital investi réalisé au cours des dix dernières années (1991-2000) a été de 41 % en moyenne pour les neuf sociétés étudiées, ce qui se répercute sur le prix des médicaments brevetés tout en créant une pression énorme sur le coût des soins de santé, tant publics que privés. Suite à d’importantes fusions qui ont donné naissance à ces puissantes multinationales, conjuguées à la hausse de la durée de protection des brevets accordés par les gouvernements, qui est passé de 10 à 20 ans, on ne peut plus parler de marché mais bien d’oligopole dans ce secteur d’activités.

Cette croissance démesurée des taux de rendement a permis aux neuf compagnies pharmaceutiques recensées de dégager, en l’an 2000, un profit net de 31 milliards $ U.S., comparativement à un bénéfice net de 11 milliards $ en 1991, soit une hausse de 182 % en l’espace de dix ans. Cette surenchère de profits de l’industrie pharmaceutique constitue la principale cause de l’augmentation des coûts de l’assurance-médicaments au Québec et du coût des soins de santé publique. Si ces entreprises pharmaceutiques se contentaient d’un taux de rendement après impôt sur le capital investi de 15 % (soit la moyenne réalisée en l’an 2000 par l’ensemble des compagnies américaines), on assisterait alors à une baisse de 17 % du prix des médicaments ce qui aurait un impact immédiat à la baisse sur les coûts de l’assurance-médicaments et du système de santé publique en général.

Les pharmaceutiques : une industrie généreuse pour ses actionnaires

Entre 1991-2000, ces neuf compagnies pharmaceutiques ont versé 146 milliards $ à leurs actionnaires sous forme de dividendes (88 M $) et de rachats d’actions (58 M $), ce qui représente 77 % des profits réalisés par ces entreprises au cours de la période observée. Cela est évidemment énorme et représente des milliards de $ sortis de l’entreprise à des fins stériles ou ne servant qu’à des stratégies de spéculation au seul profit des actionnaires.

Les pharmaceutiques : marketing & administration vs recherche & développement
Au cours des dix dernières années (1991-2000), ces neuf compagnies pharmaceutiques ont dépensé 316 milliards $ U.S en frais de marketing et d’administration contre 113 milliards $ en frais de recherche et de développement, soit 2,8 fois plus. Les prétentions des entreprises pharmaceutiques quant à la nécessité de hausser leurs prix de vente pour faire face à leurs besoins d’investissement en recherche et développement ne tiennent pas. La vente des médicaments constitue donc, et de loin, la priorité des pharmaceutiques plutôt que le besoin d’en créer de nouveaux à des coûts moindres.

Les pharmaceutiques : des quasi-banques

Entre 1991 et 2000, ces neuf compagnies pharmaceutiques brevetées ont encaissé 12,4 milliards $ U.S en revenus d’intérêts. En plus de ces énormes revenus d’intérêts, ces sociétés pharmaceutiques jouissent d’importantes liquidités (encaisse) et d’un coefficient d’endettement ridiculement bas (8 %). Au 31 décembre 2000, ces liquidités astronomiques (totalisant 28 milliards) représentaient 17 % de leur actif total. En conséquence, les compagnies pharmaceutiques n’ont évidemment pas besoin de recourir à du financement externe par le biais d’emprunts à long terme - elles des quasi-banques.

Le secteur pharmaceutique : une marché anormal

Ces neuf compagnies pharmaceutiques ont alloué des miettes pour l’investissement en immobilisations au cours des dix dernières années par rapport aux profits réalisés. Elles ont dépensé 14 fois plus en marketing et administration et elles ont versé 6 fois plus d’argent à leurs actionnaires qu’elles en ont consacré au renouvellement de leur actif à long terme. Comme ces compagnies pharmaceutiques forment en quelque sorte un puissant oligopole mondial, qu’elles jouissent de lois avantageuses concernant la propriété intellectuelle de leurs brevets et qu’elles sont confortées par des traités commerciaux à portée mondiale, elles jouissent alors d’un immense pouvoir et adoptent des comportements qui vont à l’encontre de la fameuse économie de marché.

Devant de tels faits probants, nos gouvernements doivent avoir le courage politique d’intervenir afin de veiller aux intérêts supérieurs de la collectivité. Il est urgent et nécessaire d’exercer un contrôle sur le prix des médicaments brevetés et les recommandations proposées dans l’étude vont dans ce sens en remettant en question le comportement financier des grandes compagnies pharmaceutiques brevetées.


Renseignents : Marc Hasbani, chercheur, CESE, UQAM
Tél. : (514) 987-3000, poste 1266#

Source : Francine Jacques, conseillère en relations de presse
Service de l’information externe
Tél. (514) 987-3000, poste 7954#
Courriel : jacques.francine@uqam.ca

Etude complète: http://www.unites.uqam.ca/cese/etudes/etudes_partagees/etude24pharm/pharm.html .

Source : UQAM.ca



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